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Blocage total des quatre aéroports de Corse

Grève Air France

Depuis hier après-midi, les quatre aéroports de Corse – Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari – sont complètement bloqués en raison d’un mouvement social déclenché par le Syndicat des Travailleurs Corses (STC). Le blocage a débuté à 15h30, paralysant toute activité aéroportuaire sur l’île. Cette grève spontanée survient en réponse à ce que le STC qualifie d’« annonce inacceptable », émise par Alexandre Patrou, secrétaire général aux Affaires corses (SGAC). Le haut fonctionnaire a soulevé des doutes quant à la mise en place de deux Syndicats Mixtes Ouverts (SMO) pour la gestion des ports et aéroports de l’île, une initiative qui devait initialement se concrétiser d’ici la fin de l’année. Le mouvement s’inscrit dans une vague de mécontentement grandissant face à la position de l’État sur cette question cruciale pour l’avenir des infrastructures de transport insulaires. Les vols à destination de la Corse ont été annulés en raison des perturbations liées à la grève Air France.

La remise en cause de la gestion portuaire et aéroportuaire

À l’origine de cette grève, se trouve l’annonce d’Alexandre Patrou lors d’une déclaration publique jeudi dernier. Celui-ci a exprimé des réserves sur la possibilité de voir les Syndicats Mixtes Ouverts (SMO) – un cadre de gouvernance qui devait accorder des concessions à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Corse – être mis en place dans les délais prévus. Ces structures devaient permettre à la CCI de continuer à gérer les ports et aéroports de l’île à partir du 1er janvier 2025. Toutefois, les doutes exprimés par Patrou quant à leur faisabilité ont créé une onde de choc au sein de la communauté insulaire.

Le président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a réagi vivement à cette annonce, dénonçant ce qu’il considère comme un manque de respect des engagements de l’État. Lors de l’assemblée générale extraordinaire de la CCI à Ajaccio, il a qualifié la position gouvernementale de « déclaration de guerre », accentuant la gravité de la situation. Cette déclaration a enflammé les tensions déjà palpables et a conduit à la mobilisation immédiate des travailleurs des infrastructures de transport insulaires.

La réaction du STC : entre indignation et incertitude

Le Syndicat des Travailleurs Corses (STC) a réagi avec fermeté face à l’annonce du SGAC, en dénonçant une volte-face de l’État sur un dossier qu’ils considèrent comme crucial. Dans un communiqué relayé par France 3 Corse Viastella, le syndicat explique que la gestion des ports et aéroports de l’île est un sujet étudié depuis 2019, et que de nombreuses discussions ont eu lieu avec les représentants gouvernementaux. Le STC affirme que ces discussions avaient abouti à un accord avec un feu vert définitif de l’État pour la mise en place des SMO. Toutefois, la remise en question soudaine de ce projet par le SGAC, notamment pour des raisons juridiques liées aux obligations de mise en concurrence, a semé la confusion et l’inquiétude parmi les travailleurs corses.

Dans son communiqué, le STC qualifie cette situation d’inacceptable, arguant que les agents portuaires et aéroportuaires se retrouvent désormais plongés dans une incertitude totale quant à leur avenir. Selon le syndicat, la rétractation de l’État met en danger non seulement les emplois, mais aussi la souveraineté insulaire en matière de gestion de ses infrastructures stratégiques.

Le blocage des infrastructures : des conséquences immédiates

Laurent Filippi, délégué syndical du STC, a confirmé à l’AFP que le blocage est total, touchant à la fois les ports et les aéroports. Ainsi, tous les vols ont été annulés, paralysant non seulement le trafic aérien mais également l’économie locale fortement dépendante du tourisme et des échanges commerciaux. Les ports de Corse, également affectés, ont vu leurs activités stoppées, ce qui a des répercussions importantes sur l’approvisionnement de l’île et les liaisons maritimes avec le continent.

Les conséquences de ce blocage sont particulièrement lourdes pour une région dont l’économie repose en grande partie sur les flux touristiques. En pleine saison, les voyageurs se retrouvent bloqués sur l’île ou dans l’incapacité de la rejoindre. Les entreprises locales, notamment dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, subissent également des pertes économiques significatives.

Un conflit qui s’inscrit dans un contexte politique tendu

Ce blocage n’est pas seulement la conséquence d’un conflit social, mais il s’inscrit également dans un contexte politique plus large. Les relations entre la Corse et l’État français ont toujours été complexes, marquées par des tensions récurrentes sur des questions d’autonomie et de gouvernance locale. Le projet de Syndicats Mixtes Ouverts s’inscrivait dans une démarche visant à donner plus de contrôle à la région sur ses infrastructures stratégiques, tout en respectant les cadres légaux nationaux.

Toutefois, la récente déclaration de Patrou a ravivé des débats sur la place de la Corse dans la République française et sur la capacité de l’île à gérer ses propres affaires. Pour les autonomistes, cette annonce est perçue comme une atteinte à la souveraineté insulaire et un frein au développement économique et infrastructurel de l’île.

Les perspectives de sortie de crise

Le blocage des aéroports et des ports pourrait perdurer si aucun accord n’est trouvé rapidement. Le STC a d’ores et déjà annoncé que le mouvement de grève est « illimité », ce qui signifie qu’il pourrait durer aussi longtemps que le conflit avec l’État ne sera pas résolu. Les négociations entre le gouvernement et les représentants syndicaux seront donc cruciales dans les jours à venir.

Le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a appelé à une réunion d’urgence avec les représentants de l’État afin de trouver une issue à cette crise. Il a également réitéré sa demande d’un engagement ferme de l’État sur la création des Syndicats Mixtes Ouverts, soulignant que la Corse ne peut plus se permettre de voir son avenir bloqué par des incertitudes juridiques ou politiques.

Un avenir incertain pour la gestion des infrastructures corses

Le blocage des quatre aéroports de Corse par le STC est bien plus qu’un simple mouvement de grève. Il reflète un conflit profond entre la région corse et l’État français sur la question de la gouvernance des infrastructures stratégiques de l’île. À l’heure actuelle, les perspectives de résolution demeurent floues, et la situation risque de perdurer tant que les garanties demandées par les travailleurs et les responsables politiques corses ne seront pas obtenues.

Les prochaines étapes dans ce dossier seront cruciales non seulement pour l’avenir des ports et aéroports corses, mais aussi pour les relations entre l’État et la région insulaire.